Appropriation citoyenne et parcs, quels constats pour Montréal?

07/06/2021

En 2020, le CÉRSÉ a entamé un projet de recherche dans le but de mieux comprendre et documenter quels sont les modèles, les motivations, les enjeux et les résultats sociaux des initiatives d’appropriation citoyenne dans les parcs de Montréal. Quelles sont leurs caractéristiques? Qui les a mis en oeuvre? Quelles sont les opportunités pour les citoyens et les citoyennes? Quelles difficultés peuvent être rencontrées? Ce sont ces questions sur lesquelles se penche l’équipe du CÉRSÉ. Victoria Figueroa, étudiante à la maîtrise en études urbaines de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et stagiaire au CÉRSÉ à l’hiver 2021, sous la supervision de Pauline Wolff, a participé à ce projet pour le volet recherche réglementaire et caractérisation des parcs. Elle s’est entretenue avec nous pour nous présenter cette étude qui se déroulera en trois grandes phases, sur autant d’années.

 

Appropriation citoyenne dans les parcs de montréal

 

Pour développer ce projet, le CÉRSÉ n’est pas seul. Il travaille en partenariat avec Amis des parcs (Park People), un organisme pancanadien qui « supporte et mobilise les groupes communautaires voués aux parcs, les organisations communautaires, les organisations sans but lucratif, les professionnels des parcs et les donateurs à activer le pouvoir des parcs. » Le deuxième partenaire du projet est le Centre d’écologie urbaine de Montréal, qui oeuvre entre autres à encourager la participation citoyenne, tout en mettant l’accent sur l’écologie et les aménagements inclusifs.

Qu’est-ce qu’une initiative d’appropriation citoyenne?

Les initiatives d’appropriation citoyenne peuvent prendre plusieurs formes, plusieurs visages. Un coup de coeur de Victoria est le Repaire de Biquette, un projet de fermette et d’agriculture urbaine à vocation pédagogique au parc Maisonneuve, dans l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. En amenant la campagne à la ville, ce projet collaboratif porté par des citoyens et des citoyennes aspire à devenir un modèle d’innovation en matière d’éducation environnementale et d’agriculture urbaine.

Certains organismes se spécialisent même dans l’accompagnement à la participation citoyenne. Par exemple, La Pépinière est un OBNL qui oeuvre à Montréal. Son programme Vivace est un véritable tremplin pour les initiatives urbaines. Depuis 2019, il vise à soutenir et accompagner des porteurs de projets dans la réalisation d’une initiative collective dans un espace à vocation publique. En offrant un accompagnement flexible et concret sur 8 mois, Vivace constitue une occasion pour des résidents de s’outiller pour concrétiser leur vision pour leur milieu de vie.

Répertorier les parcs montréalais et les organismes impliqués en participation citoyenne

La première phase du projet de recherche est divisée en deux volets : d’un côté, la question des parcs, et de l’autre, la question des initiatives d’appropriation. Victoria, qui travaille sur le volet caractérisation des parcs, explique que le but est « de connaître l’état des lieux des parcs de Montréal : combien y en a-t-il? Certains arrondissements sont-ils favorisés par rapport à d’autres? Il s’agit principalement d’une recherche pour comprendre les dynamiques réglementaires dans les parcs et comment elles influencent l’appropriation citoyenne, dans le but d’obtenir un portrait général de la situation. »

Le second volet porte sur les actions qui prennent réellement place dans ces lieux. Pour ce faire, l’équipe cherche à recenser tous les organismes initiateurs de projets d’appropriation citoyenne afin de dresser un portrait de la situation et de bâtir une typologie des initiatives. Plus de 200 organismes ont déjà été inventoriés. Grâce aux recherches effectuées dans les deux volets de la phase 1, l’équipe de recherche pourra avoir une vue d’ensemble sur les types d’initiatives ainsi que sur la typologie des parcs, et ainsi entamer la phase 2.

Partir à la rencontre des parties prenantes

La prochaine phase du projet se concentrera sur des entrevues pour valider les informations recueillies lors des premières recherches. Autant au niveau de la gestion des parcs qu’auprès des organismes identifiés, on voudra vérifier les renseignements récoltés et mieux comprendre les dynamiques sur le terrain. Ce long processus débouchera sur une synthèse des défis et des stratégies des acteurs (communautaire, municipal) relevés dans la ville.

Outiller les organisations et favoriser la participation citoyenne

Finalement, en ayant une vue d’ensemble des grandes tendances qui se dégagent des parcs de Montréal, il sera plus facile de comprendre comment il est possible de faire de l’appropriation citoyenne et quelles sont les difficultés qui peuvent être rencontrées. Ainsi, la troisième phase sera axée sur le transfert de connaissances vers les parties prenantes: « Il est important de transférer les informations du centre de recherche vers les organismes, car ce sont eux qui oeuvrent sur le terrain avec les citoyens. Nous voulons donc les outiller à mieux accompagner la population », affirme Victoria.

L’apport d’un stage en recherche dans le cheminement académique

Pour Victoria, cette expérience de stage a été enrichissante à plusieurs niveaux : « Travailler au CÉRSÉ et plus spécifiquement sur le projet de recherche sur les initiatives d’appropriation citoyenne des parcs à Montréal m’aura permis de comprendre les dynamiques et les processus d’un projet de recherche (tant au niveau de la recherche documentaire, que dans la collaboration avec les partenaires). Dans le cadre de ma maîtrise, la recherche m’aura permis de mieux m’outiller et de bonifier ma méthodologie de travail et ma démarche scientifique. Dans ma pratique professionnelle, la recherche m’aura permis de valider que c’est dans ce genre de projet que j’aimerais travailler à long terme, c’est-à-dire des projets d’aménagement qui sont collaboratifs et inclusifs. »

 

Le projet de recherche sur l’appropriation des parcs montréalais entame tout juste sa deuxième phase. Nous souhaitons qu’il contribue à façonner la vie de quartier ainsi que l’esprit communautaire, deux facettes importantes de la vie urbaine.

Pour en savoir plus sur ce projet de l’axe de recherche Innovation sociale, participation citoyenne et transition, visitez sa page sur le site web du CÉRSÉ.