Dans un contexte de départs massifs à la retraite de propriétaires dirigeants de PME, l’équipe du CÉRSÉ cherche depuis 2018 à mieux comprendre le repreneuriat collectif afin de soutenir ce type de reprise au Québec. Le repreneuriat collectif souffre du manque de connaissances générales sur le sujet, et trop peu de ressources terrain sont bien informées de ses particularités. Par conséquent, le CÉRSÉ, avec l’aide de ses partenaires, a créé une série de guides et de répertoires en lien direct avec la reprise collective.
Qu’est-ce que la reprise collective?
La reprise collective se définit comme un mode de transfert d’entreprise qui permet aux employés ou à des acteurs externes de reprendre collectivement une entreprise, en totalité ou partiellement, pour l’exploiter conformément aux règles d’action d’une entreprise d’économie sociale. Au Québec, où l’économie sociale est bien vivante et dynamique, les formes d’entreprises collectives sont multiples. La transmission peut donc se faire vers une entreprise collective de type coopérative (de travailleurs, de consommateurs, de producteurs, de travailleurs actionnaires ou de solidarité) ou de type organisation à but non lucratif avec activité marchande (OBNL d’économie sociale).
Le transfert de l’entreprise peut se faire vers un collectif provenant de l’interne (employés), ou de l’externe (p. ex. : fournisseurs, clients, collectivités) ou encore par un collectif mixte (ex : employés et collectivité). Il existe donc beaucoup de possibilités pour une reprise collective.
Les avantages de la reprise collective
Les avantages sont nombreux et propres aux entreprises d’économie sociale :
- partage du risque pour les repreneurs collectifs;
- complément d’expertise au sein de l’équipe repreneuse;
- partage égalitaire du capital entre tous les salariés sociétaires;
- principe de la gestion collective;
- participation aux bénéfices;
- réserves impartageables permettant à l’entreprise de consolider ses fonds propres;
- participation des autres parties prenantes externes dans le processus de reprise;
- aucun actionnaire à rétribuer.
Par ailleurs, pour le financement du rachat, il existe des options intéressantes au Québec. Elles sont malheureusement assez méconnues des cédants et des repreneurs collectifs potentiels.
Les défis de la reprise collective
Un des grands défis de la reprise collective est la méconnaissance de ce modèle. Du côté des cédants et des experts, on ne connaît pas assez bien l’existence de cette option et de ses différentes possibilités; on méconnaît aussi les outils financiers qui peuvent faciliter ce type de reprise. Ceux-ci se trouvent souvent hors des institutions financières «classiques». Il est donc important pour soutenir la reprise de recenser des programmes et outils financiers relatifs à la reprise collective.
Du côté des repreneurs collectifs, on ne reçoit pas toujours ou pas suffisamment de soutien dans ce processus qui est, il faut le dire, assez complexe. Nous observons qu’il faut plus de ressources sur le terrain pour accompagner les repreneurs. Il faut également que les experts qui gravitent autour des repreneurs soient mieux formés sur ce type de reprise.
Le site web guides.repreneuriatcollectif.ca
Les 5 guides créés par le CÉRSÉ et ses partenaires visent à accompagner plus spécifiquement les accompagnateurs de la reprise collective et les experts qui seront appelés à intervenir durant le transfert d’entreprise. Afin de rendre ces guides plus vivants et accessibles, le CÉRSÉ, en concertation avec ses partenaires, a décidé de les présenter sur un site web dédié à la reprise qui est administré par le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ). On retrouve également sur ce site des informations pertinentes pour les cédants et les repreneurs collectifs. Les répertoires qui sont mis en ligne leur permettent notamment de voir tous les outils et programmes financiers pouvant être mobilisés pour le rachat de l’entreprise ou encore les formations existantes en lien avec la reprise collective.
Ce projet financé, par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a été réalisé avec le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), le Chantier de l’économie sociale, la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ), le Réseau Coop, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) et la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
Pour soutenir l’essor du repreneuriat collectif au Québec, il faut mieux comprendre le rôle du cédant d’entreprise dans ce phénomène. L’équipe du CÉRSÉ, en collaboration avec la CDRQ et le Réseau Coop, a déposé un projet de recherche auprès du ministère de l’Enseignement Supérieur dans la poursuite de cet objectif. D’autres projets sont en réflexion au CÉRSÉ, tous reliés aux besoins de nos différents partenaires et visant la réussite de ce type de reprise.