Changement de comportement et transition socioécologique : quel rôle peut jouer la psychologie?

05/03/2021

Depuis le printemps dernier et jusqu’au printemps 2022, le CÉRSÉ est partenaire de recherche du lab Transition de Solon, avec la Chaire de recherche sur la transition écologique de l’UQAM. Le mandat du CÉRSÉ est d’accompagner les membres de Solon pour approfondir leurs connaissances et leur proposer des outils pour favoriser les changements de comportement dans un contexte de transition socioécologique. Benoit Fournier, professeur au Collège de Rosemont et chercheur en psychologie, est un des membres de l’équipe de ce projet du CÉRSÉ. Il a conçu et animé à l’automne 2020 une série d’ateliers nommée les Dîners du psychologue, qui faisait suite à une demi-journée de formation à l’été 2020. Il y a abordé avec les membres de Solon plusieurs questions :

« Comment accélérer la transition socioécologique? Quels outils de la psychologie permettent d’accélérer la transition? Lesquels aident à changer les comportements, changer les mentalités? Comment aider les gens à ressentir moins d’émotions négatives envers certains changements souhaitables? »

Peux-tu nous donner plus de détails sur les Dîners du psychologue?

B.F. : Les Dîners du psychologue étaient un point de départ pour familiariser l’équipe de Solon à des concepts psychologiques. Nous souhaitions qu’ils fassent des liens avec leurs pratiques, qu’ils testent les concepts de façon concrète. Nous avons par exemple abordé la psychologie communautaire et des thèmes comme le modèle écosystémique, la participation citoyenne et la coopération. Solon accompagne les projets initiés par des citoyens, alors il s’agissait entre autres de comprendre les interactions entre les citoyens, de manière à renforcer les liens entre ceux-ci et les aider à développer tout le potentiel des projets de transition.

Maintenant que ces ateliers sont terminés, quelle est la prochaine étape du projet?

B.F. : Les Dîners du psychologue constituaient l’étape théorique du projet où nous présentions des concepts. Nous sommes maintenant dans une étape pratique où nous co-créons des outils en équipe avec des membres de Solon, à partir des concepts qu’ils ont trouvés les plus pertinents.

Une des demandes de Solon est d’adapter les concepts en fonction de leurs différentes équipes. Par exemple, les équipes sur le terrain qui ont pour mission de recruter des participants pour les projets n’auront pas besoin des mêmes outils que les personnes dans l’équipe de communication.

Est-ce que vous développez aussi des méthodes de mesure pour évaluer si ces outils apportent les résultats souhaités?

B.F. : Oui, la mesure des résultats est une partie importante de notre apport au Lab Transition. Nous testons des stratégies et ensuite nous mesurons les effets obtenus. Par exemple, la question de la rétroaction est très importante chez Solon. Cette organisation a une structure horizontale, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de relation patron-employé et les décisions sont prises à la suite de discussions collectives. Dans ce contexte, qui a le mandat d’exprimer la rétroaction? En novembre 2020, je me suis joint à une équipe de Solon pour organiser un atelier sur la rétroaction dans une optique d’apprentissages collectifs dans une organisation horizontale. Nous sommes maintenant en train de planifier une méthode pour mesurer les effets des ateliers, et pour préciser les ajustements nécessaires.

Ainsi, nous pourrons travailler sur plusieurs itérations des outils proposés à Solon. Nous en sommes présentement à tester la première itération. Lorsque nous aurons mesuré les impacts des outils développés, nous pourrons bonifier les outils en prenant en compte les résultats de notre évaluation. Nous prévoyons qu’il y aura au moins 2 itérations des outils, qui contiendront chacune une étape de co-création d’outils, des tests et une analyse des résultats du test.

 

Déjà, le projet d’accompagnement de Solon a piqué la curiosité d’autres organisations, qui s’intéressent aux notions de psychologie pour mieux accompagner leurs équipes. Par exemple, des notions de gestion des émotions et du stress, d’écoute et d’entraide peuvent être bénéfiques à une organisation qui sent que ses membres sont épuisés et arrivent difficilement à s’adapter aux changements causés par la pandémie. Développer des outils pour retrouver et maintenir le bien-être permet aussi de continuer à faire avancer la transition socioécologique.