Le 9 mai dernier, les membres de l’équipe de recherche du CÉRSÉ ont discuté des caractéristiques des projets menés en milieu autochtone à la suite de la présentation d’un fascinant projet d’Atlas sur les changements climatiques réalisé en collaboration avec la communauté innue de Pessamit, les Pessamiulnuat, situés sur la Côte-Nord. Ce sont la coordonnatrice du projet Marie Saint-Arnaud, PhD, ethnobiologiste et professeure associée à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), Université du Québec à Montréal (UQAM) et Claire Dubé, anthropologue, B. Sc., M. Sc., chercheuse et conseillère en transfert du CÉRSÉ qui ont fait la présentation.
D’un projet axé sur la climatologie initié par le Geotop, centre de recherche sur la dynamique du système Terre en 2017 (financement : Fonds de recherche du Québec) qui portait sur un diagnostic des changements climatiques, les modélisations prédictives, les impacts et l’adaptation, a découlé, à partir de 2020 (financement : Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada), un projet davantage axé sur l’humain pour réaliser un atlas culturellement adapté aux Pessamiulnuat, les Innus de Pessamit. Le projet d’Atlas développé conjointement avec le secteur Territoire et Ressources du Conseil des Innus de Pessamit (CIP) et le Conseil tribal Mamuitun (CTM) a pour objectifs de contribuer à la résilience de ces derniers face aux bouleversements climatiques et de favoriser une occupation sécuritaire du Nitassinan, leur territoire ancestral. Il a également pour but de mettre à jour leur Plan d’adaptation aux changements climatiques. Le CÉRSÉ, par le biais de la chercheuse Claire Dubé, participe en ce moment au volet 1 du projet, afin de compléter la réalisation de l’atlas thématique qui documente les effets potentiels des changements climatiques sur les pratiques traditionnelles et certaines espèces culturelles-clés importantes pour les Pessamiulnuat. Dans le volet 2 du projet, l’atlas servira d’outil de référence et de mobilisation pour le déploiement du Plan d’adaptation aux changements climatiques de la communauté et sa prise en charge communautaire.
Une dimension importante du projet d’atlas est la co-construction des savoirs sur les changements climatiques misant sur la complémentarité et les concordances entre les observations de la communauté sur les changements environnementaux observables, et les données récoltées par les scientifiques sur le terrain.
Les petits fruits, dont la cueillette est importante pour les Pessamiulnuat, sont l’objet de l’une des thématiques couvertes par l’Atlas et d’une collaboration avec le Centre collégial de transfert de technologie sur la forêt boréale (CCTT), le CEDFOB, associé au cégep de Baie-Comeau qui mène également depuis plusieurs années des recherches sur ces questions en collaboration avec la communauté.
Les chercheuses ont profité de la présentation au CÉRSÉ pour partager certains des enjeux et défis du travail en milieu autochtone qui sont communs aux projets de recherche-action : établir le bon maillage entre les différents partenaires de recherche, bien identifier les objectifs du projet, centrés sur les besoins du milieu d’accueil, co-construire les projets dans un laps de temps restreint, etc. Comme l’ont fait ressortir les chercheuses, certains enjeux et défis sont particuliers au travail en contexte autochtone. Parmi ceux-ci elles ont souligné l’importance de : bien connaitre les réalités des communautés et leur histoire ; développer et maintenir une relation de confiance ; prendre en compte la distance, le temps, la logistique, le manque de ressources et la sursollicitation du milieu communautaire et, enfin, de porter attention à nos biais inconscients et aux stéréotypes. En résumé, il faut se donner le temps nécessaire pour développer et réaliser des projets pertinents développés en collaboration avec les communautés autochtones, qui seront ultimement pris en charge par celles-ci, et renforceront leurs capacités dans différents champs d’action.