Le 19 mars 2019, Dominique Diouf, chercheur au CÉRSÉ a présenté une communication intitulée “L’achat en ligne permet-il de réduire notre empreinte écologique?”, à l’occasion des 15e Rencontres Gérald-Godin au cégep du même nom. Le thème de l’événement était “L’ère numérique. L’apprivoiser ou lui résister.” Voici quelques éléments de réflexion présentés par Dominique à la trentaine d’étudiants et d’enseignants présents à sa conférence.
Un monde hyperconnecté
Avec plus de 7 milliards d’objets connectés à Internet représentant une opportunité de marché de 151 milliards de dollars en 2018, et plus de 21,5 milliards d’objets connectés prévus en 2025 représentant un marché de plus 1567 milliards de dollars, nous vivons désormais dans un monde hyperconnecté. Ce nouveau marché, propulsé par les géants du web (Google, Apple, Facebook et Amazon), a pour conséquence d’apporter des changements considérables dans la manière de produire et de vendre.
Du pignon sur rue au magasin virtuel?
Face à cette évolution, les grandes marques investissent massivement dans le commerce électronique. Ainsi, en Amérique du Nord, le e-commerce a connu une croissance de 16% en 2018 pour atteindre plus de 500 milliards de dollars. 40% des adultes Québécois font au moins un achat par mois sur Internet. La place du géant Amazon est telle qu’on parle d’une “Amazonization” des ventes en ligne, avec 4 Québécois sur 10 qui utilisent cette plateforme pour leurs achats en ligne.
Un monde en proie aux changements climatiques
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), des actions urgentes doivent être entreprise si l’on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Les ordinateurs, les centres de données et les réseaux consommeraient près de 10% de l’électricité mondiale, et avec une augmentation de 8,5% par an de la consommation énergétique du numérique sa part pourrait atteindre de 20% à 50% de la consommation mondiale d’électricité en 2030 selon différents scénarios. Même si les géants du numérique ont déjà pris le virage des énergies renouvelables, certaines pratiques comme l’obsolescence programmée peuvent laisser perplexe.
La montée en puissance de la consommation responsable
Selon l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’ESG-UQÀM, les Québécois ont une vision favorable du marché écoresponsable. L’édition 2018 du Baromètre de la consommation responsable nous apprend ainsi que les citoyen.nes considèrent que ce marché est en croissance (81%), qu’il contribue positivement à l’économie du Québec (78,7%) et qu’il génère des emplois (76,6%).
Les défis et opportunités de l’achat en ligne pour les entreprises…
Le commerce en ligne présente de nombreuses opportunités pour les entreprises. Internet est un moyen d’attirer et de fidéliser leur clientèle, d’automatiser certaines fonctions comme le service à la clientèle, et d’utiliser le pouvoir des données pour dénicher de nouvelles opportunités d’affaires et faire de la publicité en continu (notamment grâce aux médias sociaux et aux moteurs de recherche).
Mais il comporte aussi son lot de défis pour les entreprises, notamment pour la compréhension des perceptions et des motivations des clients et la personnalisation de leur expérience, mais aussi en ce qui concerne la sécurité et le respect de la vie privée des consommateurs. De plus, le référencement sur Internet afin d’améliorer le positionnement et la visibilité de sites de commerce en ligne, la gestion des flux de données et la livraison à domicile demandent davantage d’efforts et d’investissements.
… et pour les consommateurs
L’achat en ligne permet aux consommateurs de rechercher et de comparer divers produits et services de remplacement proposés par différents magasins en ligne situés dans différentes régions du monde, d’obtenir des informations très complètes sur les produits, ainsi que des avis d’autres clients. Les produits et les services deviennent disponibles partout et à toute heure, et les coûts de transactions sont souvent moins élevés.
Néanmoins, les clients n’ont pas la même expérience que dans un point de vente: ils ne peuvent voir, sentir et toucher les produits avant d’en faire l’achat. Certains d’entre eux peuvent également avoir des inquiétudes quant à la sécurité de leurs données et le respect de leur vie privée, et un manque de confiance dans les paiements en ligne.
Alors quoi de mieux pour l’environnement: faire des achats en ligne ou en magasin?
Dans un large éventail de scénarios, les recherches montrent qu’il est plus écologique de faire ses achats en ligne plutôt que de se rendre à un magasin en voiture. Mais les recherches dans ce domaine sont plutôt controversées. En effet, bien que les achats en ligne épargnent aux consommateurs de se rendre en magasin, les articles doivent toutefois être expédiés par avion ou par camion pour être livrés jusqu’à leur domicile ou un point de livraison.
Le transport et l’emballage sont ainsi deux facteurs majeurs qui augmentent l’empreinte écologique des achats sur Internet. Et l’empreinte écologique s’intensifie encore avec les retours de marchandise, avec des taux de retour pour les commandes en ligne variant de 25 % à 30 %, comparativement à 6 % à 10 % pour les achats en magasin. Par ailleurs, les options de livraison gratuite auraient un impact environnemental encore plus élevé.
Ainsi, pour réduire son empreinte écologique en faisant des achats en ligne, quelques recommandations peuvent être appliquées par les consommateurs: commander à temps et grouper ses achats, éviter les retours de marchandises, se faire livrer à un endroit où une présence est assurée, acheter en magasin lorsqu’on en a la possibilité, et plus globalement adopter un comportement minimaliste.